Du 3 au 19 octobre dernier, l’enquête publique sur le projet d’alignement de l’avenue Gabriel Péri a donné lieu à une mobilisation importante, puisque notre pétition a reçu le soutien de plus d’un milliers de signataires. Sans attendre les conclusions du commissaire-enquêteur, attendues pour le 19 novembre, la Mairie a diffusé aux signataires dès le 21 octobre une lettre de « mise au point », qui a été reproduite dans le dernier bulletin municipal. Voici la réponse adressée au Maire par Hélène Merlet, présidente de l’ASPEA.

Antony, le 9 novembre 2009

Monsieur le Maire,

Ayant pris conscience des inquiétudes ressenties par les citoyens d’Antony concernant votre projet de plan d’alignement de l’avenue Gabriel-Péri, inquiétudes exprimées avec autant de vigueur que de netteté, vous avez tenté par courrier de rassurer ceux-ci, leur affirmant qu’aucune menace ne planait sur les pavillons encore existants dans cette avenue. Certes, à court terme, et tant que les propriétaires des terrains ou leurs héritiers ne vendront pas leurs biens aux promoteurs immobiliers qui sont aux aguets, l’avenue Gabriel-Péri restera dans son état actuel. A moyen terme cependant, ce projet d’alignement représente bien une menace pour les pavillons existants. La population d’Antony ne s’y trompe pas, étant échaudée après avoir vu les demeures les plus charmantes de la ville tomber les unes après les autres pour faire place à des immeubles médiocres.

La politique d’urbanisme d’une ville doit réussir le délicat exercice qui consiste à concilier le présent et l’avenir, doit loger une population croissante tout en préservant les derniers vestiges des siècles précédents. Lors de l’enquête d’utilité publique concernant le plan d’alignement de l’avenue Gabriel-Péri, il était frappant, et très souvent émouvant, de voir l’attachement de nos concitoyens pour ces maisons du XIXème Siècle entourées de jardins en plein centre ville, et qui représentent le maigre patrimoine qu’il nous reste après la destruction de tant d’édifices remarquables. Les pavillons, les arbres et les jardins, loin d’être considérés comme de l’espace  »perdu », sont perçus par les citoyens d’Antony, qu’ils habitent ici depuis longtemps ou soient installés depuis peu, comme étant des éléments essentiels de l’attrait de la ville et de la qualité de vie qu’ils souhaitent y trouver. Une ville dortoir, constituée d’immeubles impersonnels, fait l’objet d’un rejet général. Les modifications du PLU nous mènent cependant tout droit vers un centre ville aseptisé et sans caractère bien que la population se soit exprimée en sens contraire, lors de l’enquête de 2007. Pour décrire ce que ressentent les citoyens d’Antony, il est préférable d’éviter les mots trop forts. Sans doute vaut-il mieux parler d’un sentiment d’abandon.

Je prends par ailleurs bonne note, Monsieur le Maire, de votre nouvel intérêt pour les modes de circulation douce, et je m’en réjouis. D’autres pourraient s’étonner que la création d’une piste cyclable, précisément avenue Gabriel-Péri, semble soudain urgente alors qu’il n’y en a pas dans les rues alentours, mais je préfère croire qu’une réflexion s’amorce dans la bonne direction. Depuis longtemps, la population appelle de ses vœux une réduction de la circulation automobile ainsi qu’une limitation de la vitesse autorisée. Il ne semble pas nécessaire de détruire les pavillons pour permettre à des cyclistes silencieux et non polluants de circuler en centre ville. Avec des règlements appropriés et appliqués, les rues peuvent être partagées par tous.

La sauvegarde de notre patrimoine architectural doit rester la priorité des élus locaux. Je n’évoquerai pas tous les bâtiments harmonieux et durables qui ont déjà été détruits et que les Antoniens regrettent. Ce qui est détruit ne peut être reconstruit. Il importe que les derniers pavillons de qualité, mémoire vivante mais fragile de notre histoire, ne se résument pas à quelques cartes postales perdues au fond d’un tiroir.

En espérant, Monsieur le Maire, que vous saurez entendre l’appel des Antoniens que je représente en tant que Présidente de notre jeune association, ainsi que l’appel quasi désespéré de tous ceux qui se sont exprimés lors de l’enquête publique le mois dernier, je vous prie de croire, Monsieur le Maire, à l’expression de ma considération respectueuse.

Hélène Merlet, pour l’ASPEA.